Pour ses quatre premiers livres publiés chez KTM édition, Cy Jung a eu la chance de voir ses titres acceptés par son éditeur. Pour Once upon a poulette, sous-titré « roman lesbien », la discussion ne s’est faite que sur le sous-titre : pour Cy Jung, il était un moyen de visibilité autant qu’une « nique » à la « vraie littérature », considérant que pour certains, une homosexualité trop apparente est la preuve irréfragable d’une écriture de piètre qualité.
Once upon a poulette étant le premier roman publié par KTM éditions, cette visibilité servait également la maison d’édition. Le consensus s’est ainsi fait.
Pour Hétéro par-ci, homo par le rat (titre un peu long s’il en est), Cy Jung a un peu bataillé. Il a été accepté faute de mieux. Es ist eine poulette, toujours sous-titre « roman lesbien » et Cul nu, courts érotiques, se sont imposés d’eux-mêmes.
Pour la publication de Tu vois ce que je veux dire, l’Harmattan a simplement demandé à Cy Jung de compléter le titre par la mention « Vivre avec un handicap visuel » afin de le rendre plus parlant. Ce n’est que plus tard que Cy Jung a découvert que Tu vois ce que je veux dire était déjà utilisé par Gilbert Montagné… Dommage.
Une fois arrivée aux Éditions gaies et lesbienne, Cy Jung a vu ses deux premiers titres modifiés par ses éditrices. Carton rose, à l’origine, s’appelait Un ballon pour deux et Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train, Ce n’est pas ça, titre auquel Cy Jung reste attachée tant il lui semble plus juste que celui choisi, plus vendeur pourtant. Par contre, Un roman d’amour, enfin, a fait d’emblée l’unanimité.
Le titre choisi pour Carton rose a permis d’inaugurer une série, Cy Jung et ses éditrices rivalisant d’imagination pour tomber sur le bon titre : Bulletin rose puis Diadème rose ; en 2009, la liste s’allonge avec Camellia rose, initialement Merle rose, titre significatif mais qui ne satisfaisait pas Cy Jung.
Cette série s’est allongée avec Piste rose (ici et là) et Quartier rose (lala et lalala) publiés en 2017 au Canada par Homoromance éditions qui n’a pas mis en question les titres proposés. Y aura-t-il d’autres « roses » ? Suspens… Les lecteurs assidus du LexCy(que) en auront déjà une idée.
Quant aux autres textes sur lesquels elle travaille ou qui sont prêts pour une éventuelle publication (ici), ils portent des titres qui parlent à son écriture : Ce una poulette (qui fait suite à Once upon a poulette et à Es ist eine Poulette ; Je ne saurai jamais si elle était jolie (qui fait suite à Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train et à un Roman d’amour, enfin) ; Retour d’amour ; Les Feuillets (là) ; Kito Katoka ; Fragments d’un discoure politique (lala)… Cy Jung ne peut qu’espérer être confrontée un jour à leur traduction commerciale.
Pour les titres de ses nouvelles publiés dans des ouvrages collectifs, Cy Jung a toujours eu le choix, les différents éditeurs se chargeant du titre de l’ouvrage.
Mais au fait, comment Cy Jung trouve-t-elle le titre original de ses livres ?
Cela vient, un peu comme ça, sans prévenir. Des phrases arrivent à la conscience : elle songe un instant qu’elles feraient un joli titre. Elle ne les note pas, convaincue que si elle ne s’en souvient pas, c’est que le titre n’était pas bon. Et quand elle travaille à définir un nouveau roman à écrire, l’un de ces titres revient et sert de support tout au long de l’écriture : elle a besoin de nommer son texte pour pouvoir l’écrire ; ce qu’il advient de ce titre original dans la phase de publication n’a au final guère d’importance et participe peut-être au nécessaire détachement du texte, celui qui permet d’accepter qu’il devienne livre, que d’autres le lisent, le fassent ainsi leur en se faisant fi (c’est heureux !) de l’intention de l’auteure.
Certains titres font néanmoins long feu : Comme un accord, Toute nue dans la cabine, Bluff… Cy Jung ne saurait dire pourquoi, peut-être parce que l’idée n’était pas bonne. Mais une chose est sûre, tous les projets sans titre n’ont jamais dépassé le stade des dix lignes. Serait-ce à dire que tout est dans le titre ? Quelque chose comme ça.
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Note. Un article du LexCy(que), Petit précis de safe sex, est consacré aux questions de typographie qui s’applique aux titres d’œuvres et de journaux.
Article publié le 10 mars 2010, régulièrement modifié depuis.