Les éditions du Phare blancs, propriétaire de la marque Éditions gaies et lesbiennes, ont été dissoutes en novembre 2018. Cet ouvrage est épuisé en version papier.
Carton rose est désormais disponible en version numérique chez Homoromance éditions (2019), ici.
Couvertures de la première édition (2003) et de la seconde (2006).
Extraits
Annick se rend guillerette au travail…
Elle ouvrit la portière, balança vers l’extérieur ses jambes gainées de Lycra et se mit debout. Le fond de l’air était frais. Un timide soleil tentait une percée à travers les brumes polluées de la banlieue sud. Son talon ripa sur le sol de goudron ruiné par les intempéries et l’escarpin havane quitta son pied gauche. Annick le renfila, pestant intérieurement contre cette atteinte passagère à la perfection de sa toilette.
Du bout de ses ongles courts discrètement vernis, elle contrôla l’invisibilité de sa culotte Sloggi puis, enfin, ajusta sa veste jacquard à col arrondi sur sa jupe de mailles. L’ensemble formait un coordonné harmonieux, fait de beiges et de bruns, dans des matières souples mais d’une impeccable tenue.
Annick découvre les joies du football…
Assise à même le sol, elle frissonnait. Sous l’effet du vent frais de cette fin de soirée d’automne, ses muscles se refroidissaient. La chair de poule la gagnait. Cherchant vainement les clés du vestiaire, elle conclut que quelqu’un était à l’intérieur et courut y chercher le gilet qu’elle y avait laissé.
À peine passa-t-elle la porte que l’effroi la figea. Lise, son guide de mardi dernier, les pieds sur une banquette, face au mur, culotte baissée, tenait fermement deux portemanteaux scellés dans le béton, offrant sa pudeur à la bouche vorace de Val, assise entre ses jambes. Les gémissements de la jeune dévergondée étaient tels qu’aucune des deux protagonistes de ces attouchements salaces ne semblait avoir entendu les grincements de la porte métallique tournant sur ses gonds.
Annick demeurait pétrifiée, effarée de cette débauche d’obscénités. Soudain, Val retira sa bouche, plaqua sa nuque contre le mur et pénétra d’un doigt ferme sa cavalière. Le grognement qu’elle poussa glaça le sang d’Annick. Elle mit sa main devant sa bouche afin de se retenir de crier. Elle vacillait sur ses jambes. Elle voulait fuir mais son corps ne bougeait pas. Le bassin de Lise se soulevait de plus en plus vite dans un enivrant va-et-vient. La voyeuse ne pouvait détacher son regard de cet arrière-train, captivée par ses mouvements de balancier qui l’hypnotisaient.
Sans qu’elle ne pût le prévoir, Lise poussa un ultime râle et tout s’arrêta. La gardienne retira sa main puis l’essuya soigneusement avec le bas de son tee-shirt.
— Ça t’a plu ? la défia-t-elle, passant sa tête à travers les cuisses de Lise et dévisageant l’intruse.
Annick succombe aux feux de l’amour…
L’entraîneure l’accueillit d’un large sourire.
— Hello ma belle ! Tu vas bien ?
— Oui, minauda Annick, émue par les mots tendres de la coach. L’entraînement de la semaine dernière m’a manqué.
— Eh bien, prépare-toi vite. Ce soir, je vous ai concocté un programme double !
Cinq minutes plus tard, Annick était sur le terrain, buvant littéralement les ordres et les recommandations de l’entraîneure de son cœur. Rien ne semblait pouvoir la fatiguer au point que le “ C’est fini pour aujourd’hui. ” de Catherine lui parut intervenir avant l’heure. Traînant des pieds, elle rejoignit le vestiaire. Elle s’y changea avec un maximum de lenteur, espérant partager quelques instants d’intimité avec la coach.
Elle fut la dernière à sortir, Catherine sur les talons. Regagnant leur voiture respective, elles bavardèrent gaiement.
— Tu es venue avec Angie ? s’enquit la coach.
— Oui. Viens. Elle sera heureuse de te dire bonsoir.
Critiques
« En outre, parce que Carton rose suit le schéma clas- sique du roman sentimental, on peut le lire au premier degré, mais aussi et surtout comme une parodie de roman rose. On s’amuse beaucoup des tribu- lations d’Annick, même si l’on sait assez vite à quelle sportive elle s’attache- ra pour l’éternité. Ce premier roman rose est un coup de maîtresse. »
« Un opus moins réussi que les précédents à l’humour inégal. Si le but avoué était la « parodie », il fallait oser aller jusqu’au bout. C’est dommage. »
« Cy Jung a parfaitement compris les règles édictées par la regrettée Delly. (…) On déplore toutefois que Cy Jung ait reculé devant l’ambiguïté du terme “entraîneuse” pour le remplacer par l’infect barbarisme “entraîneure” (…). »
« Carton rose, roman de Cy Jung (Once upon a poulette), est une histoire légère et divertissante. »
« À lire si on aime les parodies de roman à l’eau très très rose et le foot, élément fédérateur des deux morceaux de ce couple si cliché… »
« Cy Jung s’essaie avec un certain bonheur à la parodie de roman sentimental. »
« Une sympathique parodie de roman sentimental. »
« Le voyage est agréable, sa légèreté nous fait du bien, on plonge volontiers dans l’univers d’une équipe de foot féminin, dans la moiteur des vestiaires, dans la promiscuité des douches. »
« Sur fond de foot féminin, et de préparation aux Eurogames, Cy Jung construit une parodie de roman sentimental. Un livre drôle, plein d’humour, où on ne prend pas le temps de respirer. Entre dribles, épilation et soirées entre copines, une histoire d’amour digne des plus grands Arlequins (sic) ! »
En lecture sur Youtube.
« Cinquième roman de Miss Cy qui nous démontre ici le talent qu’elle sait déployer pour traiter de façon légère, et avec beaucoup d’humour, la vie très sérieuse d’une trentenaire au bord du claquage… musculaire. »
« Cy Jung s’attèle à nous faire rire et nous émouvoir des turpitudes de l’amour entre une femme très fem et une autre joliment butch. Le style pur Harlequin revisité avec malice donne une véritable dimension tendre et comique à ce texte. »