Après une présentation de son travail littéraire depuis Once Upon a poulette (1998) jusqu’à Camellia rose (2009) avec quelques détours par ses engagements auprès de la communauté LGBT, Cy Jung a d’emblée été interrogée sur la question du jour : comment un auteur gère la question de la représentation des lesbiennes et des gays que ses romans véhiculent ?
En quelques mots, voici sa réponse : « Je ne me suis pas posé cette question avant que des lectrices ne me la posent lors de débats. Je me souviens notamment d’une femme qui m’a reproché de mettre en danger les lesbiennes à rendre trop visible leur sexualité alors que, de mon point de vue, c’est justement par cette visibilité que l’on fera reculer l’homophobie.
« Il n’est pas question pour moi de mettre en danger qui que ce soit, même pour défendre mes convictions politiques, pas plus qu’il n’est question de sacrifier ma représentation du monde et mes engagements au courant actuel qui tend à rendre l’homosexualité toujours plus acceptable. J’ai, depuis, toujours fait attention et ai, de fait, pratiqué l’autocensure sans pour autant céder à cette respectabilité que parfois l’on attend des créateurs LGBT.
« J’ai ensuite beaucoup travaillé sur les clichés entourant l’homosexualité avec Media-G.net et les chroniques que j’y ai tenues. Ce travail se retrouve dans mes roses, romans parodiques où le cliché devient un ressort de l’intrigue et de l’écriture. »
La conversation a immédiatement rebondi, à grand renfort de questions et de réflexions des unes et des autres, et permis d’approfondir différents points soulevés par Cy Jung (l’autocensure, le poids de la communauté sur les auteurs, le rapport au cliché, etc.) avant qu’un débat ne s’engage sur la tendance actuelle des caciques et des médias LGBT à privilégier une représentation « propre sur elle » et normative de l’homosexualité à l’appui des revendications pour l’accès au mariage et à la parentalité.
Y a-t-il une spécificité du désir homosexuel à ne pas sacrifier sur l’autel de l’égalité des droits ? C’était la position de Cy Jung et d’une bonne partie de l’assistance au point que l’échange a glissé sur les fondements de la société patriarcale et hétéronormée, comme l’oppression et l’exploitation des femmes…
Il y avait long à dire et les estomacs criaient famine. Les conversations se sont donc poursuivies lors d’un échange informel, au milieu des tartes aux légumes et autres délicieuses salades. Au dessert, Cy Jung a dédicacé quelques livres. Au café, une séance photo a été improvisée, sans flash [*] !
Cy Jung remercie très chaleureusement le GAGL de son accueil ainsi que tous les participants à cette soirée. Ce fut pour elle un très agréable moment. À bientôt !
GAGL, espace LGBT, Le 28bis : 28 bis rue Sainte-Anne 45000 Orléans.